On remarque dans L’Etranger un emploi surprenant de la ponctuation : Camus semble privilegier une ponctuation « structurelle » (point, virgule, deux-points, point-virgule et tiret) plutot qu’une ponctuation « expressive » (point d’exclamation, point d’interrogation, points de suspension), en particulier dans des sequences de discours rapporte. Cette « monotonie de la ponctuation » empeche le lecteur d’entendre la voix qui precede le texte et celle qui rapporte les discours : elle les deforme en leur attribuant un autre ton et, parfois, un sens different. Rare mais systematique, cette perturbation de l’enonciation est significative s’agissant du personnage de Meursault et du recit en general. Cet article analyse ces phenomenes de ponctuation, qui permettent de decrire le rapport absurde du narrateur au langage et de comprendre le rapport ironique de l’auteur a son style, l’ecriture blanche constituant un processus de distanciation de lui-meme.
{"title":"Meursault entre voix et texte : la monotonie de la ponctuation dans L’Étranger d’Albert Camus","authors":"Edoardo Cagnan","doi":"10.7202/1072479ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1072479ar","url":null,"abstract":"On remarque dans L’Etranger un emploi surprenant de la ponctuation : Camus semble privilegier une ponctuation « structurelle » (point, virgule, deux-points, point-virgule et tiret) plutot qu’une ponctuation « expressive » (point d’exclamation, point d’interrogation, points de suspension), en particulier dans des sequences de discours rapporte. Cette « monotonie de la ponctuation » empeche le lecteur d’entendre la voix qui precede le texte et celle qui rapporte les discours : elle les deforme en leur attribuant un autre ton et, parfois, un sens different. Rare mais systematique, cette perturbation de l’enonciation est significative s’agissant du personnage de Meursault et du recit en general. Cet article analyse ces phenomenes de ponctuation, qui permettent de decrire le rapport absurde du narrateur au langage et de comprendre le rapport ironique de l’auteur a son style, l’ecriture blanche constituant un processus de distanciation de lui-meme.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"33 1","pages":"67-81"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"72860358","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article analyse la maniere dont se deploie une poetique de la ruine dans l’oeuvre de Nicolas Dickner. Cet ecrivain mene depuis pres de deux decennies une entreprise litteraire d’une grande coherence, jalonnee de livres qui ont tous en commun de remettre en question – sur un mode a la fois ludique et erudit – les notions de genealogie, de filiation ou encore de frontieres spatiales et temporelles. Nous examinons, tant dans ses chroniques (Le romancier portatif) que ses nouvelles (L’encyclopedie du petit cercle), romans (Nikolski, Tarmac, Six degres de liberte) et autres ovnis litteraires (Revolutions, coecrit avec Dominique Fortier), les ressorts narratifs et descriptifs de cette poetique ou se deploient toutes sortes de jeux de condensations ironiques, de renversements ludiques, de telescopages etonnants et d’anticipations joyeuses qui celebrent tout a la fois les vertus de l’humilite et de l’oubli ainsi que le potentiel hautement narratif des vestiges, debris, restes et scories.
{"title":"Nicolas Dickner et le charme discret des ruines","authors":"M. Voyer","doi":"10.7202/1069800ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1069800ar","url":null,"abstract":"Cet article analyse la maniere dont se deploie une poetique de la ruine dans l’oeuvre de Nicolas Dickner. Cet ecrivain mene depuis pres de deux decennies une entreprise litteraire d’une grande coherence, jalonnee de livres qui ont tous en commun de remettre en question – sur un mode a la fois ludique et erudit – les notions de genealogie, de filiation ou encore de frontieres spatiales et temporelles. Nous examinons, tant dans ses chroniques (Le romancier portatif) que ses nouvelles (L’encyclopedie du petit cercle), romans (Nikolski, Tarmac, Six degres de liberte) et autres ovnis litteraires (Revolutions, coecrit avec Dominique Fortier), les ressorts narratifs et descriptifs de cette poetique ou se deploient toutes sortes de jeux de condensations ironiques, de renversements ludiques, de telescopages etonnants et d’anticipations joyeuses qui celebrent tout a la fois les vertus de l’humilite et de l’oubli ainsi que le potentiel hautement narratif des vestiges, debris, restes et scories.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"43 1","pages":"49-64"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"77678456","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le premier roman de Stephane Vanderhaeghe, Charognards (2015), se presente comme un journal d’apocalypse dans lequel se dissolvent les composantes fondamentales du recit, de l’identite des personnages, de leur environnement, de leur quotidien, du temps, de la communication, et jusqu’a l’encre sur la page. C’est aussi le langage qui se desagrege, incarnant la ruine comme processus actif et ineluctable plutot que dans une forme figee hors du temps. Quant a l’espace, pourtant peu represente, son organisation simple mais fixe apporte une dose de stabilite au recit, attachant l’apocalypse intime du narrateur a une aire contenue et connue, a l’oppose de la portee globale qui caracterise nombre de scenarios contemporains de fin du monde. Notre analyse est traversee d’extraits d’une entrevue menee avec l’auteur, qui nous aident a eclairer sa posture face a l’histoire litteraire de notre motif et a sa capacite a traduire les angoisses du present dans de nouvelles formes litteraires. Nous tissons egalement des liens entre Charognards et A tous les airs (2017), le second roman publie par Vanderhaeghe, ainsi qu’avec diverses experimentations formelles ayant inspire l’auteur, depuis le nouveau roman jusqu’a la litterature americaine postmoderniste.
Stephane Vanderhaeghe的第一部小说《Charognards》(2015)以启示录日记的形式呈现,其中叙事的基本组成部分——人物的身份、他们的环境、他们的日常生活、时间、交流,甚至是纸上的墨水都被溶解了。它也是一种脱节的语言,将毁灭体现为一种积极的、不可避免的过程,而不是一种永恒的固定形式。至于空间,虽然很少被描绘,但它简单而固定的组织为故事提供了一种稳定性,将叙述者亲密的天灾与一个包含和已知的区域联系在一起,这与许多当代世界末日场景的全球范围形成了鲜明对比。我们的分析是通过对作者的采访摘录进行的,这有助于我们阐明他对我们主题的文学历史的立场,以及他将当前的焦虑转化为新的文学形式的能力。我们还将Charognards与Vanderhaeghe出版的第二部小说A tous les airs(2017)联系起来,并与启发作者的各种形式实验联系起来,从新小说到美国后现代主义文学。
{"title":"Tout dissoudre : la poétique de la ruine dans Charøgnards de Stéphane Vanderhaeghe","authors":"Vincent Gélinas-Lemaire","doi":"10.7202/1069802ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1069802ar","url":null,"abstract":"Le premier roman de Stephane Vanderhaeghe, Charognards (2015), se presente comme un journal d’apocalypse dans lequel se dissolvent les composantes fondamentales du recit, de l’identite des personnages, de leur environnement, de leur quotidien, du temps, de la communication, et jusqu’a l’encre sur la page. C’est aussi le langage qui se desagrege, incarnant la ruine comme processus actif et ineluctable plutot que dans une forme figee hors du temps. Quant a l’espace, pourtant peu represente, son organisation simple mais fixe apporte une dose de stabilite au recit, attachant l’apocalypse intime du narrateur a une aire contenue et connue, a l’oppose de la portee globale qui caracterise nombre de scenarios contemporains de fin du monde. Notre analyse est traversee d’extraits d’une entrevue menee avec l’auteur, qui nous aident a eclairer sa posture face a l’histoire litteraire de notre motif et a sa capacite a traduire les angoisses du present dans de nouvelles formes litteraires. Nous tissons egalement des liens entre Charognards et A tous les airs (2017), le second roman publie par Vanderhaeghe, ainsi qu’avec diverses experimentations formelles ayant inspire l’auteur, depuis le nouveau roman jusqu’a la litterature americaine postmoderniste.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"23 1","pages":"77-90"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"76089544","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Sylvain Tesson et Jean-Paul Kauffmann accordent une place centrale aux ruines qu’ils croisent, le premier le long des chemins ruraux qu’il suit dans une traversee de la France a pied (Sur les chemins noirs, 2016), le second sur les routes de l’oblast de Kaliningrad, qu’il visite a l’occasion du bicentenaire de la bataille d’Eylau (Outre-Terre, 2016). Le choix par les deux voyageurs de ces destinations marginales et hors du temps n’est pas un hasard : ce sont les ruines, les restes, les debris et les traces qui s’y trouvent qui non seulement les leur font choisir, mais qui, aussi, les aiguillonnent tout au long de leur parcours. En cela, leurs periples respectifs suggerent un usage contemporain des ruines, qui n’est pas de partir a la recherche de mondes disparus ni d’eprouver leur propre finitude au contact de celle de la matiere. Au contraire, Tesson et Kauffmann entreprennent chacun leur voyage dans un but de consolidation : du corps pour Tesson, accidente quelques mois auparavant ; du sens qu’on peut donner a la survie pour Kauffmann, durablement marque par son experience d’ancien otage au Liban dans les annees 1980. Les paysages ruines a la rencontre desquels vont les deux voyageurs constituent une forme d’echappee ; le temps que mesurent pour eux les ruines ne les renvoie pas a un moment specifique de l’Histoire, mais leur permet d’elargir les frontieres du present, de toucher au passe dans sa generalite et dans son etendue et, par la, d’ouvrir une breche dans la vision presentiste qu’a notre epoque du monde et de l’existence.
{"title":"« Une fissure dans le présent » : la ruine comme échappée chez Sylvain Tesson et Jean-Paul Kauffmann","authors":"I. Daunais","doi":"10.7202/1069801ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1069801ar","url":null,"abstract":"Sylvain Tesson et Jean-Paul Kauffmann accordent une place centrale aux ruines qu’ils croisent, le premier le long des chemins ruraux qu’il suit dans une traversee de la France a pied (Sur les chemins noirs, 2016), le second sur les routes de l’oblast de Kaliningrad, qu’il visite a l’occasion du bicentenaire de la bataille d’Eylau (Outre-Terre, 2016). Le choix par les deux voyageurs de ces destinations marginales et hors du temps n’est pas un hasard : ce sont les ruines, les restes, les debris et les traces qui s’y trouvent qui non seulement les leur font choisir, mais qui, aussi, les aiguillonnent tout au long de leur parcours. En cela, leurs periples respectifs suggerent un usage contemporain des ruines, qui n’est pas de partir a la recherche de mondes disparus ni d’eprouver leur propre finitude au contact de celle de la matiere. Au contraire, Tesson et Kauffmann entreprennent chacun leur voyage dans un but de consolidation : du corps pour Tesson, accidente quelques mois auparavant ; du sens qu’on peut donner a la survie pour Kauffmann, durablement marque par son experience d’ancien otage au Liban dans les annees 1980. Les paysages ruines a la rencontre desquels vont les deux voyageurs constituent une forme d’echappee ; le temps que mesurent pour eux les ruines ne les renvoie pas a un moment specifique de l’Histoire, mais leur permet d’elargir les frontieres du present, de toucher au passe dans sa generalite et dans son etendue et, par la, d’ouvrir une breche dans la vision presentiste qu’a notre epoque du monde et de l’existence.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"183 1","pages":"65-76"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"75877067","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Des la publication de Meursault, contre-enquete (en 2013 en Algerie, en 2014 en France), la critique a note le double role de l’oeuvre d’Albert Camus dans le roman de Kamel Daoud. A premiere vue, le roman est une reecriture postcoloniale de L’Etranger, reprenant la critique des stereotypes coloniaux dans l’oeuvre de Camus, telle qu’on la trouve notamment dans Culture et imperialisme d’Edward Said. En meme temps, Meursault, contre-enquete peut se lire comme un hommage a Camus, le rehabilitant comme l’un des plus grands ecrivains algeriens. Notre article met ce role ambigu de Camus dans Meursault, contre-enquete en rapport avec l’introduction du frere de la victime de Meursault en tant que narrateur-protagoniste. Nous etablissons ainsi que ce procede narratif est intrinseque au projet de contre-enquete et de reecriture. Car un frere, n’est-il pas l’antithese de l’etranger ? Par des allusions a des episodes de rivalite entre freres, communs a la Bible et au Coran, le roman brouille progressivement la distinction entre freres et etrangers, entre assassins et gardiens de la vie d’autrui. Une reflexion sur les notions de fraternite, de communaute et de filiation puise dans d’autres oeuvres camusiennes, notamment dans L’homme revolte et Le premier homme. Le motif du frere, soutenu par un reseau complexe de renvois aux textes litteraires et religieux, s’avere ainsi decisif pour faire de Meursault, contre-enquete un commentaire allegorique de la signification et des retentissements du colonialisme et de la decolonisation en Algerie aujourd’hui.
{"title":"Gardien du frère – fils du gardien. Frères et étrangers dans Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud","authors":"Jorunn S. Gjerden","doi":"10.7202/1072483ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1072483ar","url":null,"abstract":"Des la publication de Meursault, contre-enquete (en 2013 en Algerie, en 2014 en France), la critique a note le double role de l’oeuvre d’Albert Camus dans le roman de Kamel Daoud. A premiere vue, le roman est une reecriture postcoloniale de L’Etranger, reprenant la critique des stereotypes coloniaux dans l’oeuvre de Camus, telle qu’on la trouve notamment dans Culture et imperialisme d’Edward Said. En meme temps, Meursault, contre-enquete peut se lire comme un hommage a Camus, le rehabilitant comme l’un des plus grands ecrivains algeriens. Notre article met ce role ambigu de Camus dans Meursault, contre-enquete en rapport avec l’introduction du frere de la victime de Meursault en tant que narrateur-protagoniste. Nous etablissons ainsi que ce procede narratif est intrinseque au projet de contre-enquete et de reecriture. Car un frere, n’est-il pas l’antithese de l’etranger ? Par des allusions a des episodes de rivalite entre freres, communs a la Bible et au Coran, le roman brouille progressivement la distinction entre freres et etrangers, entre assassins et gardiens de la vie d’autrui. Une reflexion sur les notions de fraternite, de communaute et de filiation puise dans d’autres oeuvres camusiennes, notamment dans L’homme revolte et Le premier homme. Le motif du frere, soutenu par un reseau complexe de renvois aux textes litteraires et religieux, s’avere ainsi decisif pour faire de Meursault, contre-enquete un commentaire allegorique de la signification et des retentissements du colonialisme et de la decolonisation en Algerie aujourd’hui.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71189879","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Comme dans de nombreux travaux qui etablissent des rapprochements entre litterature et cinema, le but de cet article est d’analyser les formes et les enjeux du remploi d’images cinematographiques dans les oeuvres narratives contemporaines. Le roman Les grandes blondes (1995) de Jean Echenoz est un objet d’etude privilegie pour aborder cette pratique citationnelle sous l’angle de la postproduction et pour considerer en detail ses effets sur la narration. Deux scenes qui font directement reference a deux films d’Alfred Hitchcock (Psychose, Sueurs froides) permettent d’examiner tout particulierement les possibilites ouvertes par le reagencement de formes preexistantes et la facon dont celui-ci peut affecter la perception des lecteurs.
与许多将文学与电影联系起来的作品一样,本文的目的是分析在当代叙事作品中使用电影图像的形式和利害关系。让·埃切诺兹(Jean Echenoz)的小说《金发女郎》(Les grandes blondes, 1995)是一项特权研究,旨在从后期制作的角度探讨这种引文实践,并详细考虑其对叙事的影响。这两个场景直接参考了阿尔弗雷德·希区柯克的两部电影(《精神病患者》和《冷汗》),让我们有可能特别检查现有形式的重新安排所开辟的可能性,以及它如何影响读者的感知。
{"title":"Usages de l’image cinématographique dans Les grandes blondes de Jean Echenoz","authors":"Sara Bédard-Goulet","doi":"10.7202/1072482ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1072482ar","url":null,"abstract":"Comme dans de nombreux travaux qui etablissent des rapprochements entre litterature et cinema, le but de cet article est d’analyser les formes et les enjeux du remploi d’images cinematographiques dans les oeuvres narratives contemporaines. Le roman Les grandes blondes (1995) de Jean Echenoz est un objet d’etude privilegie pour aborder cette pratique citationnelle sous l’angle de la postproduction et pour considerer en detail ses effets sur la narration. Deux scenes qui font directement reference a deux films d’Alfred Hitchcock (Psychose, Sueurs froides) permettent d’examiner tout particulierement les possibilites ouvertes par le reagencement de formes preexistantes et la facon dont celui-ci peut affecter la perception des lecteurs.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":"121-135"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"89702940","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"L’un et le multiple. Le nom d’auteur dans les écritures collectives publiées de Général Instin et de L’AJAR","authors":"Charline Pluvinet","doi":"10.7202/1075543AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1075543AR","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"15 1","pages":"39"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"81929208","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Contrairement a la ruine percue par la tradition moderne comme objet de contemplation ou de patrimoine eloigne du regard de l’observateur, la ruine volodinienne, omnipresente, touche de tres pres le protagoniste post-exotique – qui ne connait, a vrai dire, qu’elle. Etablir la typologie de ces ruines revient a considerer la dynamique des distances qui les rapprochent du sujet, jusqu’a faire corps avec lui, en lui imposant une presence actantielle effective, voire une vie propre. Cela revient egalement a considerer la centralite de la notion de ruine au lieu meme du langage post-exotique. Milieu fondamentalement et activement hostile a l’humain, la ruine post-exotique se presente alors comme la condition meme de son discours, c’est-a-dire du discours litteraire, lui-meme ruine, mais dont les possibles figurent la langue d’une post-humanite devenue seule heritiere du monde. A la lecture de Volodine, on fait l’experience de la recreation d’une langue et d’une esthetique que fondent les ruines ; il ne s’agit pas uniquement de montrer les ruines de la langue et du monde, mais d’exploiter une litterature qui repousse comme de mauvaises herbes mutees et adaptees a un nouveau terrain. Par sa copresence dans la fiction post-apocalyptique et dans le monde de notre lecture, cette litterature nous informe sur un monde en ruines que nous habitons deja depuis longtemps.
{"title":"Comment vivre en ruine(s) ? L’apocalypse selon Antoine Volodine","authors":"G. Turin","doi":"10.7202/1069799ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1069799ar","url":null,"abstract":"Contrairement a la ruine percue par la tradition moderne comme objet de contemplation ou de patrimoine eloigne du regard de l’observateur, la ruine volodinienne, omnipresente, touche de tres pres le protagoniste post-exotique – qui ne connait, a vrai dire, qu’elle. Etablir la typologie de ces ruines revient a considerer la dynamique des distances qui les rapprochent du sujet, jusqu’a faire corps avec lui, en lui imposant une presence actantielle effective, voire une vie propre. Cela revient egalement a considerer la centralite de la notion de ruine au lieu meme du langage post-exotique. Milieu fondamentalement et activement hostile a l’humain, la ruine post-exotique se presente alors comme la condition meme de son discours, c’est-a-dire du discours litteraire, lui-meme ruine, mais dont les possibles figurent la langue d’une post-humanite devenue seule heritiere du monde. A la lecture de Volodine, on fait l’experience de la recreation d’une langue et d’une esthetique que fondent les ruines ; il ne s’agit pas uniquement de montrer les ruines de la langue et du monde, mais d’exploiter une litterature qui repousse comme de mauvaises herbes mutees et adaptees a un nouveau terrain. Par sa copresence dans la fiction post-apocalyptique et dans le monde de notre lecture, cette litterature nous informe sur un monde en ruines que nous habitons deja depuis longtemps.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"71179824","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les nouvelles a la main au Portugal, au xviiie siecle, sont des fascicules non signes de faible diffusion. Le producteur de ces feuilles d’information est-il un auteur ou un simple traducteur ? Sa qualite d’auteur ne se dissout-elle pas dans le travail d’atelier qui, de copie en copie, modifie le texte initial ? Quel est le statut de cet auteur qui ne se nomme que comme son propre personnage ? Dans le cas ici expose, comme dans beaucoup d’autres, les lecteurs connaissent le nom de l’auteur, un facteur decisif pour la credibilite et le statut des nouvelles rapportees. L’article porte sur la reference au comte de Ericeira (1673-1743), a la fois comme source de nouvelles et comme objet d’interet dans le recit. L’identification de l’auteur aide a comprendre les jeux politiques autour de l’information sous l’Ancien Regime.
{"title":"Les noms dans les nouvelles à la main","authors":"J. Lisboa","doi":"10.7202/1075546AR","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1075546AR","url":null,"abstract":"Les nouvelles a la main au Portugal, au xviiie siecle, sont des fascicules non signes de faible diffusion. Le producteur de ces feuilles d’information est-il un auteur ou un simple traducteur ? Sa qualite d’auteur ne se dissout-elle pas dans le travail d’atelier qui, de copie en copie, modifie le texte initial ? Quel est le statut de cet auteur qui ne se nomme que comme son propre personnage ? Dans le cas ici expose, comme dans beaucoup d’autres, les lecteurs connaissent le nom de l’auteur, un facteur decisif pour la credibilite et le statut des nouvelles rapportees. L’article porte sur la reference au comte de Ericeira (1673-1743), a la fois comme source de nouvelles et comme objet d’interet dans le recit. L’identification de l’auteur aide a comprendre les jeux politiques autour de l’information sous l’Ancien Regime.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"212 1","pages":"101-115"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"76667124","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le debat critique autour du genre de la Recherche, consideree tour a tour comme une autofiction, une autobiographie fictive ou un roman autobiographique, ainsi que les questionnements au sujet de la relation qui unit Marcel Proust au je narrant / narre, sont loin d’etre resolus. Les indices glanes au sein de l’enorme masse textuelle et epitextuelle qui entoure le roman ne font que renforcer une ambiguite generique que l’ecrivain a veille a preserver. En effet, meme si Proust insiste a plusieurs reprises sur le caractere fictionnel de son oeuvre et sur la distinction entre son heros et lui-meme, il laisse aussi entrevoir par moments la possibilite d’une identification, en jouant avec malice du clivage generique et poetique qui separe le roman de l’autobiographie. Dans cet article, il s’agira de mettre en lumiere des interstices par lesquels la composante autobiographique s’insinue dans la fiction, et d’observer comment la strategie proustienne de transposition fictionnelle des donnees biographiques investit non seulement le plan macrotextuel, mais egalement ceux microtextuel et stylistique. Plus precisement, nous nous pencherons sur quelques occurrences saillantes de comparaison, ou le comparant affiche un statut intradiegetique et accueille des analepses completives, soit des references a des episodes censes relever du passe diegetique, mais en realite absents de l’histoire. Au premier abord, ces comparaisons paraissent apporter de nouvelles tesselles a la mosaique de la vie du heros en nous laissant apercevoir des bifurcations possibles, et non avenues, de la trame romanesque. Cependant, la coincidence entre le contenu des rapprochements et des parcelles de la biographie de Proust nous amenera finalement a avancer que le masque fictionnel du comparant permet a l’ecrivain de glisser subrepticement des bribes de son propre vecu dans le roman, tout en preservant la mise a distance romanesque de la vie.
{"title":"Parce que c’était je, parce que c’était (parfois) moi : remarques sur quelques îlots autobiographiques de À la recherche du temps perdu","authors":"Ilaria Vidotto","doi":"10.7202/1069804ar","DOIUrl":"https://doi.org/10.7202/1069804ar","url":null,"abstract":"Le debat critique autour du genre de la Recherche, consideree tour a tour comme une autofiction, une autobiographie fictive ou un roman autobiographique, ainsi que les questionnements au sujet de la relation qui unit Marcel Proust au je narrant / narre, sont loin d’etre resolus. Les indices glanes au sein de l’enorme masse textuelle et epitextuelle qui entoure le roman ne font que renforcer une ambiguite generique que l’ecrivain a veille a preserver. En effet, meme si Proust insiste a plusieurs reprises sur le caractere fictionnel de son oeuvre et sur la distinction entre son heros et lui-meme, il laisse aussi entrevoir par moments la possibilite d’une identification, en jouant avec malice du clivage generique et poetique qui separe le roman de l’autobiographie. Dans cet article, il s’agira de mettre en lumiere des interstices par lesquels la composante autobiographique s’insinue dans la fiction, et d’observer comment la strategie proustienne de transposition fictionnelle des donnees biographiques investit non seulement le plan macrotextuel, mais egalement ceux microtextuel et stylistique. Plus precisement, nous nous pencherons sur quelques occurrences saillantes de comparaison, ou le comparant affiche un statut intradiegetique et accueille des analepses completives, soit des references a des episodes censes relever du passe diegetique, mais en realite absents de l’histoire. Au premier abord, ces comparaisons paraissent apporter de nouvelles tesselles a la mosaique de la vie du heros en nous laissant apercevoir des bifurcations possibles, et non avenues, de la trame romanesque. Cependant, la coincidence entre le contenu des rapprochements et des parcelles de la biographie de Proust nous amenera finalement a avancer que le masque fictionnel du comparant permet a l’ecrivain de glisser subrepticement des bribes de son propre vecu dans le roman, tout en preservant la mise a distance romanesque de la vie.","PeriodicalId":42726,"journal":{"name":"ETUDES FRANCAISES","volume":"136 1","pages":"109-123"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"76110255","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}