L’analyse élémentaire des perturbations chimiques d’origine anthropique bénéficie aux études archéologiques. Pour la première fois, une fouille archéologique menée par le musée du quai Branly et l’université Versailles St-Quentin a appliqué ces techniques biomédicales au sol archéologique afin de mettre à jour la topographie précise de pratiques magico-religieuses.
En avril 2022, dans les ruines d’une case sacrée du palais de Bapa, en territoire Bamiléké (Cameroun), des échantillons prélevés sur 12 unités stratigraphiques (US) ont permis d’identifier les répartitions de 15 éléments, dosés par spectrométrie d’émission optique en plasma induit (ICP-OES).
La plupart des éléments sont présents en concentrations maximales dans l’US 14, hormis les éléments d’origine tellurique (Al, Fe, Pb, Ti) qui présentent une répartition homogène sur l’ensemble des US.
Grâce à des techniques biomédicales utilisées en transversalité, les données d’archéologie de terrain ont pu être approfondies, et jointes à la connaissance ethnographique pour identifier des zones de fonctions rituelles qui n’ont pas laissé de traces macroscopiques.
The elementary analysis of chemical disturbances of anthropogenic origin may be of considerable help to archaeological studies. For the first time, an archaeological excavation carried out by the Musée du Quai Branly and the University of Versailles St-Quentin applied these biomedical techniques to archaeological soils, in order to uncover the precise topography of optically invisible magico-religious practices.
In April 2022, in the ruins of a sacred building in the Bapa palace (Bamiléké territory, Cameroon), samples taken from 12 stratigraphic units (US) made it possible to identify the distributions of 15 elements, measured by induced plasma optical emission spectrometry (ICP-OES).
Most elements are present in maximum concentrations in US 14, except for elements of telluric origin (Al, Fe, Pb, Ti) which have a homogeneous distribution across all US.
Thanks to biomedical techniques used cross-functionally, field archeology data could be deepened, and combined with ethnographic knowledge to identify areas of ritual functions which did not leave macroscopic traces.
Les mastocytoses sont un groupe hétérogène d’hémopathies rares caractérisées par l’accumulation de mastocytes clonaux dans divers organes, notamment la peau, et dans leurs formes systémiques la moelle osseuse, la rate, le foie, et le tube digestif. Depuis 2001, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en distingue deux variantes pronostiques, à savoir les mastocytoses cutanées isolées et les mastocytoses systémiques. Bien que cette classification reste valable à ce jour, de nouvelles données diagnostiques et pronostiques ont rendu nécessaire son amélioration. Au cours des vingt dernières années, les experts du réseau européen de compétence des mastocytoses (European Competence Network on Mastocytosis ; ECNM) et de l’initiative américaine sur les maladies à mastocytes (American Initiative in Mast Cell Diseases ; AIM) ont ainsi mené une série d’études de validation, la plupart fondées sur la base de données patients de l’ECNM. Partant de ces nouvelles connaissances sur la pathogenèse et le pronostic des mastocytoses, le groupe de consensus a proposé des ajustements des critères du diagnostic et de la classification de ces pathologies. Cette proposition améliorée a été adoptée en 2022 par l’OMS et simultanément, mais avec de légers ajustements, dans la classification consensuelle internationale (International Consensus Classification ; ICC). Nous aborderons dans cette revue les nouveautés marquantes de ces deux classifications et des critères diagnostiques de ces maladies.
Mastocytosis are a heterogeneous group of rare hematological diseases characterized by the accumulation of clonal mast cells in various organs, notably the skin and, in systemic diseases, the bone marrow, spleen, liver, and digestive tract. Since 2001, the World Health Organization (WHO) has distinguished two prognostic variants, namely pure cutaneous mastocytosis and systemic mastocytosis. Although this classification remains valid today, new diagnostic and prognostic data have made it necessary to improve it. Over the last twenty years, experts from the European Competence Network on Mastocytosis (ECNM) and the American Initiative in Mast Cell Diseases (AIM) have conducted a series of validation studies, mostly based on the ECNM patient database. Based on this new knowledge on the pathogenesis and prognosis of mastocytosis, the consensus group has proposed adjustments to the diagnostic criteria and classification of these pathologies. This improved proposal has been adopted in 2022 by the WHO and simultaneously, but with slight adjustments, in the International Consensus Classification (ICC). In this review, we will discuss the significant new features of these two classifications and the diagnostic criteria for these diseases.
Les techniques de radiologie interventionnelle (RI) appliquées au rachis sont des procédures dites « mini-invasives » dont le but est de soulager des douleurs vertébrales « simples » et de prévenir des complications rachidiennes graves. Leur essor enrichit l’offre de soin dans la prise en charge des pathologies rachidiennes ostéoporotiques et tumorales. Loin d’être en compétition avec les techniques chirurgicales conventionnelles, elles apportent des solutions thérapeutiques lorsque la chirurgie est considérée trop morbide et l’abstention thérapeutique inacceptable. Obtenir un soulagement, une consolidation osseuse ou une destruction tumorale par des ponctions percutanées guidées par l’imagerie est un progrès considérable. En effet, la balance bénéfice/risque de ces procédures est souvent adaptée à de nombreuses situations cliniques et répond à une demande des patients. Ainsi, la RI permet une désescalade thérapeutique chez les patients fragiles pour qui la chirurgie n’est pas raisonnable et offre une solution alternative chez les patients peu symptomatiques pour qui la chirurgie est déraisonnable. Parfois considérées comme injustifiées, parfois comme insuffisantes, les techniques de RI trouvent leurs indications dans ce juste milieu, entre le traitement médical conservateur et la chirurgie traditionnelle. Cet entre-deux est une troisième voie, particulièrement adaptée au soulagement des fractures ostéoporotiques d’évolution défavorable et dans la prise en charge des métastases osseuses rachidiennes.
Interventional radiology (IR) techniques applied to the spine are so-called “minimally invasive” procedures aimed at relieving “simple” spinal pain and preventing serious spinal complications. Their rapid growth has enhanced the range of treatments available for osteoporotic and tumour-related spinal pathologies. Far from competing with conventional surgical techniques, they provide therapeutic solutions when surgery is considered too morbid and therapeutic abstention unacceptable. Imaging-guided percutaneous punctures offer considerable progress in providing relief, bone consolidation and tumour destruction. In fact, the benefit/risk balance of these procedures is often adapted to numerous clinical situations and responds to patient demand. IR allows therapeutic de-escalation in fragile patients for whom surgery is not reasonable, and offers an alternative solution for patients with few symptoms for whom surgery is unreasonable. Sometimes considered unjustified, sometimes insufficient, IR techniques find their place in the middle ground between conservative medical treatment and traditional surgery. This in-between approach is a third way, particularly suited to the relief of osteoporotic fractures with an unfavourable evolution and in the management of spinal bone metastases.
The precautionary principle (PP) is a risk management method in situations of scientific uncertainty. Its lack of precise definition in official texts led to numerous interpretations in the past. The PP was initially limited to the environment. The extension to human health raised fears of an increase of proceedings and an interference with innovative research.
Twenty-four people involved in the precautionary principle have been interviewed and a literature review has been carried out.
A renewed analysis of the PP has emphasized several points: the PP is a complex process that includes a spirit of caution, rigorous reasoning, and evaluation of hypotheses and, lastly, precautionary measures. The major part of confusion raises when the PP is in danger of drifting into inappropriate precautionary measures; individual care medicine is well controlled by the “Code de déontologie médicale” (Code of Medical Ethics); biomedical research has scientific constraints and its own rules. In these two medical fields, PP is not applicable unless a major innovation raises an ethical problem; on the other hand, public health may be submitted to the PP.
Consequently, mastery of the PP implies to promote training actions devoted to medical doctors, administrative and political decision makers, educational establishments and the media.
L’endoscopie digestive a été développée par les gastroentérologues depuis 50 ans et est passée d’un principe limité de diagnostic à des interventions complexes thérapeutiques aujourd’hui. Ces nouvelles approches comprennent la capacité à réséquer de larges tumeurs superficielles digestives (dissection sous-muqueuse), la coupe du muscle propre digestif dans le cadre de troubles moteurs type achalasie, des accès biliaires/anastomoses bilio-digestives complexes et des anastomoses digestives type gastro-entéro-anastomose. Ces développements ont été rendus possibles par plusieurs inventions techniques comme des couteaux de dissection, l’accès à la sous-muqueuse digestive, les prothèses d’appositions, etc. Ces avancées ont modifié le champ de la chirurgie digestive qui, elle aussi au cours de ces dernières années s’est transformée avec l’essor de la laparoscopie, de la robotique, les programmes de réhabilitation accélérée. Aussi, si dans certains domaines, les deux approches peuvent être concurrentielles, elles sont le plus souvent complémentaires. La concertation et la collaboration des deux spécialités permettent aujourd’hui d’offrir au patient le traitement le plus approprié.
Digestive endoscopy has been developed by gastroenterologists for 50 years, and moved from initial simple and limited diagnosis to nowadays complex therapeutic approaches. New treatments include extensive mucosal/submucosal resections (called submucosal dissection), muscular dissection for motor disorders like achalasia, complex biliary access/intestinal-biliary anastomoses, and digestive-digestive anastomosis such as gastro-entero anatomoses. These progresses have been made possible by several technical inventions including new dissection knives, access to the submucosa, apposition prosthesis, etc. These advances have modified the field of digestive surgery, which has also been transformed in recent years with the development of laparoscopy, robotics, and accelerated rehabilitation programmes. So, while in some areas the two approaches may be in competition, they are more often complementary. Today, concerted action and collaboration between the two specialties help to offer patients the most appropriate treatment.