La ketamine bloque de facon non competitive les recepteurs canaux N-methyl-D-aspartate (NMDA). Elle induit une anesthesie particuliere, dite dissociative, en activant le systeme limbique, mais en deconnectant les voies thalamoneocorticales, notamment les aires associatives. La molecule comporte un carbone asymetrique qui explique l’existence de deux enantiomeres. L’isomere S(+) ou esketamine, qui devie la lumiere a droite, bloque trois a quatre fois plus le recepteur NMDA que l’isomere R(-). Il vient d’obtenir une AMM en France et y possede une autorisation temporaire d’utilisation dans l’indication de la depression refractaire. La demi-vie de distribution de la ketamine, dix minutes, permet un reveil rapide. La demi-vie d’elimination est de deux a trois heures. Elle est metabolisee au niveau du cytochrome P450 hepatique. La norketamine est un metabolite actif qui possede 20 a 30 % de l’effet analgesique de la molecule mere et qui explique l’efficacite de l’administration orale. La ketamine exerce peu d’effets depresseurs cardiorespiratoires. La preservation de la pression arterielle et du debit cardiaque est aussi efficace qu’avec l’etomidate. Elle possede un effet bronchodilatateur et preserve l’oxygenation en maintenant la ventilation spontanee (VS) et la capacite residuelle fonctionnelle. Une titration prudente en commencant par de tres faibles doses (bolus de 2 a 5 mg), augmentees progressivement, permet la sedation en VS, associee au propofol ou au midazolam. Ses effets neurologiques ont ete completement reevalues depuis une quinzaine d’annees, et elle n’a plus de raison d’etre contre-indiquee chez le cerebrolese. Ses proprietes analgesiques et antihyperalgesiques sont depuis une vingtaine d’annees au centre de son utilisation perioperatoire dans le cadre d’une strategie d’analgesie preventive multimodale, voire du nouveau concept d’OFA (opioid free anesthesia ) et dans le traitement de la douleur. Au blocage des recepteurs NMDA qui explique les proprietes antihyperalgesiques, dont l’opposition a l’hyperalgesie induite par les opioides, s’ajoutent l’activation des voies monoaminergiques descendantes, un blocage des canaux sodiques, des proprietes antipro-inflammatoires pleiotropes. Il semble qu’une relation dose-effet implique de maintenir une concentration plasmatique efficace (superieure a 100 ng/ml) par une perfusion continue. Elle est particulierement indiquee et efficace en cas de douleurs importantes qui ouvrent les canaux NMDA et chez les patients addicts aux opioides (use-dependence ).
氯胺酮以非竞争性的方式阻断n -甲基- d -天冬氨酸(NMDA)受体通道。它诱导一种特殊的麻醉,称为解离麻醉,激活边缘系统,但断开丘脑-皮质通路,特别是关联区域。分子中有一个不对称的碳,这就解释了两个对映体的存在。异构体S(+)或司他胺向右转移光,阻断NMDA受体的时间是异构体R(-)的3到4倍。它刚刚在法国获得了AMM,并获得了用于治疗难治性抑郁症的临时授权。氯胺酮的半衰期为10分钟,可以快速恢复。消除半衰期为两到三个小时。它在肝细胞色素P450水平代谢。norketamine是一种活性代谢物,具有母分子20 - 30%的镇痛作用,这解释了口服给药的有效性。氯胺酮对心肺抑制作用不大。保持动脉压和心率与依托咪替丁一样有效。它具有支气管扩张作用,并通过维持自发通气(VS)和功能剩余容量来保存氧合。谨慎的滴定,从非常低的剂量开始(2 - 5mg大剂量),逐渐增加,允许VS镇静,结合异丙酚或咪达唑仑。在过去的15年里,它的神经作用已经被完全重新评估,不再有任何理由在脑炎中禁忌症。在过去的20年里,它的镇痛和抗痛觉过敏特性一直是其围手术期多模式预防镇痛策略的核心,甚至是ofa(阿片类无麻醉)和疼痛治疗的新概念。NMDA受体的阻断解释了抗痛觉过敏的特性,这与阿片类药物引起的痛觉过敏相反,还增加了下行单胺能通路的激活,钠通道的阻断,多效抗炎特性。剂量-效应关系似乎涉及通过持续输注维持有效血药浓度(大于100 ng/ml)。它特别适用于打开NMDA通道的严重疼痛和阿片类药物成瘾(使用依赖)患者。
{"title":"Pharmacologie de la kétamine","authors":"G. Mion","doi":"10.3166/DEA-2021-0162","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/DEA-2021-0162","url":null,"abstract":"La ketamine bloque de facon non competitive les recepteurs canaux N-methyl-D-aspartate (NMDA). Elle induit une anesthesie particuliere, dite dissociative, en activant le systeme limbique, mais en deconnectant les voies thalamoneocorticales, notamment les aires associatives. La molecule comporte un carbone asymetrique qui explique l’existence de deux enantiomeres. L’isomere S(+) ou esketamine, qui devie la lumiere a droite, bloque trois a quatre fois plus le recepteur NMDA que l’isomere R(-). Il vient d’obtenir une AMM en France et y possede une autorisation temporaire d’utilisation dans l’indication de la depression refractaire. La demi-vie de distribution de la ketamine, dix minutes, permet un reveil rapide. La demi-vie d’elimination est de deux a trois heures. Elle est metabolisee au niveau du cytochrome P450 hepatique. La norketamine est un metabolite actif qui possede 20 a 30 % de l’effet analgesique de la molecule mere et qui explique l’efficacite de l’administration orale. La ketamine exerce peu d’effets depresseurs cardiorespiratoires. La preservation de la pression arterielle et du debit cardiaque est aussi efficace qu’avec l’etomidate. Elle possede un effet bronchodilatateur et preserve l’oxygenation en maintenant la ventilation spontanee (VS) et la capacite residuelle fonctionnelle. Une titration prudente en commencant par de tres faibles doses (bolus de 2 a 5 mg), augmentees progressivement, permet la sedation en VS, associee au propofol ou au midazolam. Ses effets neurologiques ont ete completement reevalues depuis une quinzaine d’annees, et elle n’a plus de raison d’etre contre-indiquee chez le cerebrolese. Ses proprietes analgesiques et antihyperalgesiques sont depuis une vingtaine d’annees au centre de son utilisation perioperatoire dans le cadre d’une strategie d’analgesie preventive multimodale, voire du nouveau concept d’OFA (opioid free anesthesia ) et dans le traitement de la douleur. Au blocage des recepteurs NMDA qui explique les proprietes antihyperalgesiques, dont l’opposition a l’hyperalgesie induite par les opioides, s’ajoutent l’activation des voies monoaminergiques descendantes, un blocage des canaux sodiques, des proprietes antipro-inflammatoires pleiotropes. Il semble qu’une relation dose-effet implique de maintenir une concentration plasmatique efficace (superieure a 100 ng/ml) par une perfusion continue. Elle est particulierement indiquee et efficace en cas de douleurs importantes qui ouvrent les canaux NMDA et chez les patients addicts aux opioides (use-dependence ).","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"24 1","pages":"3-15"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"78235766","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
O. Dubourg, C. Dubecq, G. D. Rocquigny, E. Patey, P. Pasquier, L. Aigle, R. Dubourg, S. Travers
La gestion de la douleur en milieu militaire est primordiale, en particulier sur le terrain, puisqu’elle impacte la sérénité de la prise en charge en contexte hostile ainsi que la réalisation de l’évacuation médicale, notamment par hélicoptère. Le blessé au combat typique est un homme jeune porteur de lésions pénétrantes souvent hémorragiques conduisant à un état de choc hémodynamique. La littérature montre que la prise en charge de la douleur n’est pas suffisamment systématique dans sa phase initiale, alors qu’elle est un facteur indépendant d’augmentation de la morbimortalité chez ce patient. Depuis plusieurs années, on constate un recours croissant à la kétamine par les médecins militaires sur le terrain, à visée d’analgésie-sédation. Les recommandations de plusieurs instances médicales militaires ont évolué dans le même sens, préconisant l’usage de la kétamine pour le blessé en état d’instabilité hémodynamique ou respiratoire. En milieu civil d’urgence, plusieurs études soulignent la sécurité d’emploi et l’efficacité antalgique de cette drogue lors de la prise en charge initiale du patient traumatisé en choc. Son administration par voie intranasale semble une piste particulièrement intéressante pour la médecine militaire comme pour la médecine de catastrophe, ajoutant une facilité d’administration à un profil de sécurité et d’efficacité bien documenté. La poursuite de travaux de recherche est cependant impérative pour mieux préciser la place et les modalités d’emploi de la kétamine en préhospitalier militaire.
{"title":"La kétamine en pratique militaire","authors":"O. Dubourg, C. Dubecq, G. D. Rocquigny, E. Patey, P. Pasquier, L. Aigle, R. Dubourg, S. Travers","doi":"10.3166/DEA-2021-0153","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/DEA-2021-0153","url":null,"abstract":"La gestion de la douleur en milieu militaire est primordiale, en particulier sur le terrain, puisqu’elle impacte la sérénité de la prise en charge en contexte hostile ainsi que la réalisation de l’évacuation médicale, notamment par hélicoptère. Le blessé au combat typique est un homme jeune porteur de lésions pénétrantes souvent hémorragiques conduisant à un état de choc hémodynamique. La littérature montre que la prise en charge de la douleur n’est pas suffisamment systématique dans sa phase initiale, alors qu’elle est un facteur indépendant d’augmentation de la morbimortalité chez ce patient. Depuis plusieurs années, on constate un recours croissant à la kétamine par les médecins militaires sur le terrain, à visée d’analgésie-sédation. Les recommandations de plusieurs instances médicales militaires ont évolué dans le même sens, préconisant l’usage de la kétamine pour le blessé en état d’instabilité hémodynamique ou respiratoire. En milieu civil d’urgence, plusieurs études soulignent la sécurité d’emploi et l’efficacité antalgique de cette drogue lors de la prise en charge initiale du patient traumatisé en choc. Son administration par voie intranasale semble une piste particulièrement intéressante pour la médecine militaire comme pour la médecine de catastrophe, ajoutant une facilité d’administration à un profil de sécurité et d’efficacité bien documenté. La poursuite de travaux de recherche est cependant impérative pour mieux préciser la place et les modalités d’emploi de la kétamine en préhospitalier militaire.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"44571819","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La kétamine est un médicament de plus en plus utilisé en médecine d’urgence pour son action anesthésiante, sédative et analgésique. Si les deux premières indications s’appuient sur des preuves solides, la troisième repose sur des données plus controversées. Si les quelques données cliniques semblent montrer une efficacité antalgique de la kétamine dans ce contexte, les questions qui restent en suspens concernent sa place dans l’arsenal des antalgiques étant donné la fréquence élevée de ses effets indésirables. Une question de recherche en médecine d’urgence ouvrantencore des perspectives concerne la kétamine et son action antihyperalgésique qui pourrait permettre de limiter le risque de chronicisation de la douleur.
{"title":"La kétamine en médecine d’urgence","authors":"M. Galinski","doi":"10.3166/DEA-2021-0163","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/DEA-2021-0163","url":null,"abstract":"La kétamine est un médicament de plus en plus utilisé en médecine d’urgence pour son action anesthésiante, sédative et analgésique. Si les deux premières indications s’appuient sur des preuves solides, la troisième repose sur des données plus controversées. Si les quelques données cliniques semblent montrer une efficacité antalgique de la kétamine dans ce contexte, les questions qui restent en suspens concernent sa place dans l’arsenal des antalgiques étant donné la fréquence élevée de ses effets indésirables. Une question de recherche en médecine d’urgence ouvrantencore des perspectives concerne la kétamine et son action antihyperalgésique qui pourrait permettre de limiter le risque de chronicisation de la douleur.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"105 1","pages":"43-45"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"81807664","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Pourquoi la kétamine ?","authors":"C. Dualé, F. Aubrun","doi":"10.3166/DEA-2021-0158","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/DEA-2021-0158","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"45464149","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Utilisee en anesthesie depuis les annees 1960, la ketamine a montre son interet particulier par l’absence de depression respiratoire et par le maintien de la stabilite hemodynamique. Elle se positionne comme une substance de choix dans l’anesthesie de guerre, de catastrophe et d’urgence. La ketamine a longtemps souffert d’une mauvaise image du fait de ses effets secondaires psychodysleptiques. Dans les annees 1990, la ketamine a connu un regain d’interet au bloc operatoire avec l’emergence de l’analgesie multimodale. Utilisee a dose subanesthesique, elle devient l’antihyperalgesique de choix. Elle presente le meilleur rapport benefice/risque avec une epargne morphinique importante, plus particulierement dans les chirurgies les plus traumatiques. A ce jour, les etudes suggerent que son effet antihyperalgesique dans la periode perioperatoire permettrait de prevenir les douleurs chroniques postoperatoires. Les mecanismes d’action de la ketamine sont nombreux, elle n’agit pas seulement sur les recepteurs NMDA, mais elle a une action ubiquitaire sur le systeme nerveux central, en particulier dans la neuro-inflammation, qui a ete etudiee recemment en perioperatoire. Ces mecanismes ouvrent de nouvelles perspectives de recherche dans la depression et les troubles cognitifs postoperatoires.
{"title":"Kétamine et douleur aiguë","authors":"V. Martinez","doi":"10.3166/DEA-2021-0159","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/DEA-2021-0159","url":null,"abstract":"Utilisee en anesthesie depuis les annees 1960, la ketamine a montre son interet particulier par l’absence de depression respiratoire et par le maintien de la stabilite hemodynamique. Elle se positionne comme une substance de choix dans l’anesthesie de guerre, de catastrophe et d’urgence. La ketamine a longtemps souffert d’une mauvaise image du fait de ses effets secondaires psychodysleptiques. Dans les annees 1990, la ketamine a connu un regain d’interet au bloc operatoire avec l’emergence de l’analgesie multimodale. Utilisee a dose subanesthesique, elle devient l’antihyperalgesique de choix. Elle presente le meilleur rapport benefice/risque avec une epargne morphinique importante, plus particulierement dans les chirurgies les plus traumatiques. A ce jour, les etudes suggerent que son effet antihyperalgesique dans la periode perioperatoire permettrait de prevenir les douleurs chroniques postoperatoires. Les mecanismes d’action de la ketamine sont nombreux, elle n’agit pas seulement sur les recepteurs NMDA, mais elle a une action ubiquitaire sur le systeme nerveux central, en particulier dans la neuro-inflammation, qui a ete etudiee recemment en perioperatoire. Ces mecanismes ouvrent de nouvelles perspectives de recherche dans la depression et les troubles cognitifs postoperatoires.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"93 1","pages":"38-42"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"73412165","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS) devient une option non médicamenteuse intéressante dans le traitement de la douleur chronique. Des données tangibles de son efficacité dans la fibromyalgie (FM) ont conduit à une recommandation de grade B. Cependant, il n’existe pas d’éléments prédictifs de réponse à la rTMS dans la FM. Ce travail a deux objectifs : premièrement, de réaliser une analyse rétrospective de l’intérêt de la rTMS du cortex moteur primaire (M1) chez des patients souffrant de FM traités en soins courants au CHU de Montpellier, et deuxièmement de rechercher de potentiels facteurs prédictifs de la réponse à la rTMS. 31 patients ont bénéficié d’une cure complète de rTMS, on retrouve un bénéfice analgésique significatif pour 19 patients (61,3 %) et sur quatorze patients ayant bénéficié d’un protocole d’entretien complet, ce bénéfice est maintenu pour dix patients (71,4 %). L’EN Douleur diminue en moyenne de 2,18 points (–32 %) en fin de cure et de 2,54 points (–42 %) en fin d’entretien. La sévérité douloureuse à la BPI diminue de 1,7 points (–27 %) en fin de cure. La qualité de vie apparait améliorée en fin de cure avec baisse des scores de la FIQ et de l’interférence à la BPI, respectivement de 15,5 points (–21 %) et de 1,9 points (–30 %). Ces résultats paraissent se maintenir en entretien. Concernant la recherche de potentiels facteurs prédictifs de réponse à la rTMS, le maintien d’une activité professionnelle est associé à une meilleure réponse. L’usage de morphiniques et le sexe masculin sont associés à de moindres bénéfices. La rTMS en soins de la FM a des résultats positifs sur la douleur et la qualité de vie avec peu d’effets indésirables. Cette étude confirme l’intérêt de sa place en soins courant de FM. Une meilleure définition du profil des patients auxquels proposer la rTMS et la place de la rTMS dans la séquence thérapeutique constituent des enjeux afin de mieux cibler les soins à proposer pour la FM.
{"title":"La stimulation magnétique transcrânienne répétée du cortex moteur primaire dans la fibromyalgie : résultats des soins courants au CHU de Montpellier, recherche de potentiels facteurs prédictifs de réponse","authors":"R. Gonon-Demoulian, P. Giniès, J. Attal","doi":"10.3166/dea-2021-0185","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/dea-2021-0185","url":null,"abstract":"La stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS) devient une option non médicamenteuse intéressante dans le traitement de la douleur chronique. Des données tangibles de son efficacité dans la fibromyalgie (FM) ont conduit à une recommandation de grade B. Cependant, il n’existe pas d’éléments prédictifs de réponse à la rTMS dans la FM. Ce travail a deux objectifs : premièrement, de réaliser une analyse rétrospective de l’intérêt de la rTMS du cortex moteur primaire (M1) chez des patients souffrant de FM traités en soins courants au CHU de Montpellier, et deuxièmement de rechercher de potentiels facteurs prédictifs de la réponse à la rTMS. 31 patients ont bénéficié d’une cure complète de rTMS, on retrouve un bénéfice analgésique significatif pour 19 patients (61,3 %) et sur quatorze patients ayant bénéficié d’un protocole d’entretien complet, ce bénéfice est maintenu pour dix patients (71,4 %). L’EN Douleur diminue en moyenne de 2,18 points (–32 %) en fin de cure et de 2,54 points (–42 %) en fin d’entretien. La sévérité douloureuse à la BPI diminue de 1,7 points (–27 %) en fin de cure. La qualité de vie apparait améliorée en fin de cure avec baisse des scores de la FIQ et de l’interférence à la BPI, respectivement de 15,5 points (–21 %) et de 1,9 points (–30 %). Ces résultats paraissent se maintenir en entretien. Concernant la recherche de potentiels facteurs prédictifs de réponse à la rTMS, le maintien d’une activité professionnelle est associé à une meilleure réponse. L’usage de morphiniques et le sexe masculin sont associés à de moindres bénéfices. La rTMS en soins de la FM a des résultats positifs sur la douleur et la qualité de vie avec peu d’effets indésirables. Cette étude confirme l’intérêt de sa place en soins courant de FM. Une meilleure définition du profil des patients auxquels proposer la rTMS et la place de la rTMS dans la séquence thérapeutique constituent des enjeux afin de mieux cibler les soins à proposer pour la FM.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"69373833","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le prurit se definit comme une sensation desagreable conduisant au besoin de se gratter. Il s’agit donc d’une sensation bien distincte de la douleur, mais dont le retentissement est equivalent. Prurit et douleur se differencient non seulement par l’induction de reactions differentes (grattage, retrait), mais aussi par des effets plutot opposes de la chaleur et du froid ou surtout des opiaces. Les traitements sont tres differents. Dans la peau et certaines muqueuses, il existe des recepteurs specifiques du prurit (pruricepteurs), puis il existe des voies specifiques conduisant le signal « prurit » jusqu’a differentes regions du cerveau. Ces voies sont partagees avec celles de la douleur ou non. Les mecanismes de sensibilisation peripherique et centrale au prurit sont de mieux en mieux compris, avec comme consequences cliniques le prurit chronique, l’allokinesie et l’hyperkinesie. La douleur peut inhiber le prurit en activant des interneurones. Elle peut parfois coexister avec le prurit, en particulier en cas de prurit neuropathique. Les causes de prurit sont le plus souvent dermatologiques, mais d’autres causes sont aussi possibles : renales, hepatiques, endocriniennes, metaboliques, hematologiques, paraneoplasiques, neurologiques, psychiques, iatrogenes ou mixtes. Jusqu’a present, la prise en charge du prurit etait decevante. Les antihistaminiques sont assez rarement efficaces. Les gabapentinoides peuvent etre utilises. Les progres recents de la recherche ouvrent de nouvelles voies : κ-agonistes, μ-antagonistes, anti-IL31, anti-IL4/13, inhibiteurs de NK1, anti-Jak, etc. Une structuration en reseau de centres antiprurit s’inspirant de l’organisation des centres antidouleur serait probablement tres utile.
{"title":"Le prurit : de la physiopathologie à la thérapeutique","authors":"L. Misery","doi":"10.3166/DEA-2021-0160","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/DEA-2021-0160","url":null,"abstract":"Le prurit se definit comme une sensation desagreable conduisant au besoin de se gratter. Il s’agit donc d’une sensation bien distincte de la douleur, mais dont le retentissement est equivalent. Prurit et douleur se differencient non seulement par l’induction de reactions differentes (grattage, retrait), mais aussi par des effets plutot opposes de la chaleur et du froid ou surtout des opiaces. Les traitements sont tres differents. Dans la peau et certaines muqueuses, il existe des recepteurs specifiques du prurit (pruricepteurs), puis il existe des voies specifiques conduisant le signal « prurit » jusqu’a differentes regions du cerveau. Ces voies sont partagees avec celles de la douleur ou non. Les mecanismes de sensibilisation peripherique et centrale au prurit sont de mieux en mieux compris, avec comme consequences cliniques le prurit chronique, l’allokinesie et l’hyperkinesie. La douleur peut inhiber le prurit en activant des interneurones. Elle peut parfois coexister avec le prurit, en particulier en cas de prurit neuropathique. Les causes de prurit sont le plus souvent dermatologiques, mais d’autres causes sont aussi possibles : renales, hepatiques, endocriniennes, metaboliques, hematologiques, paraneoplasiques, neurologiques, psychiques, iatrogenes ou mixtes. Jusqu’a present, la prise en charge du prurit etait decevante. Les antihistaminiques sont assez rarement efficaces. Les gabapentinoides peuvent etre utilises. Les progres recents de la recherche ouvrent de nouvelles voies : κ-agonistes, μ-antagonistes, anti-IL31, anti-IL4/13, inhibiteurs de NK1, anti-Jak, etc. Une structuration en reseau de centres antiprurit s’inspirant de l’organisation des centres antidouleur serait probablement tres utile.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"56 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"80917539","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Lorsque la douleur se chronicise, l’individu qui en souffre tente laborieusement de s’en arranger avec l’identité qu’il admet comme étant sienne. Les caractéristiques qui le singularisent supportent alors un profond bouleversement. De fait, les remaniements consécutifs peuvent tantôt impliquer une appréhension de la douleur en tant que nouvel élément intrinsèque de l’identité, tantôt la percevoir comme un obstacle à la continuité de cette même identité. L’enjeu est alors de parvenir à rester soi malgré la douleur, tout en modifiant un peu de ce « soi » éprouvé par le vécu douloureux. Mais qu’en est-il lorsque la douleur demeure un élément inhérent de la constitution de l’identité, du rapport au monde, à soi et à l’autre ? « Inhérent », au sens où la douleur devient alors indissociable de l’individu afin de saisir sa subjectivité. En outre, chacun d’entre nous connaît des expériences douloureuses uniques qui modèlent notre historicité. Mais l’intérêt se porte ici sur la manière dont la douleur devient constitutive pour l’individu qui la vit, qui l’éprouve depuis notamment son plus jeune âge. Cette question peut s’observer au travers du vécu de la douleur chez les personnes atteintes de drépanocytose. En effet, cette pathologie impose à l’individu des événements douloureux paroxystiques (les crises vaso-occlusives), comportant un risque létal, et ce, parfois dès la petite enfance. Dès lors, le développement psychocorporel du drépanocytaire engage nécessairement un investissement identitaire par et au travers de la douleur. A fortiori, la drépanocytose peut être culturellement et linguistiquement nommée comme étant la maladie de la douleur : cette nomination cristalliserait presque la douleur au sein de l’individu drépanocytaire désigné, devenant le symbole de la douleur aux yeux du collectif.
{"title":"Quand la douleur devient constitutive…","authors":"M. Richard","doi":"10.3166/dea-2021-0172","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/dea-2021-0172","url":null,"abstract":"Lorsque la douleur se chronicise, l’individu qui en souffre tente laborieusement de s’en arranger avec l’identité qu’il admet comme étant sienne. Les caractéristiques qui le singularisent supportent alors un profond bouleversement. De fait, les remaniements consécutifs peuvent tantôt impliquer une appréhension de la douleur en tant que nouvel élément intrinsèque de l’identité, tantôt la percevoir comme un obstacle à la continuité de cette même identité. L’enjeu est alors de parvenir à rester soi malgré la douleur, tout en modifiant un peu de ce « soi » éprouvé par le vécu douloureux. Mais qu’en est-il lorsque la douleur demeure un élément inhérent de la constitution de l’identité, du rapport au monde, à soi et à l’autre ? « Inhérent », au sens où la douleur devient alors indissociable de l’individu afin de saisir sa subjectivité. En outre, chacun d’entre nous connaît des expériences douloureuses uniques qui modèlent notre historicité. Mais l’intérêt se porte ici sur la manière dont la douleur devient constitutive pour l’individu qui la vit, qui l’éprouve depuis notamment son plus jeune âge. Cette question peut s’observer au travers du vécu de la douleur chez les personnes atteintes de drépanocytose. En effet, cette pathologie impose à l’individu des événements douloureux paroxystiques (les crises vaso-occlusives), comportant un risque létal, et ce, parfois dès la petite enfance. Dès lors, le développement psychocorporel du drépanocytaire engage nécessairement un investissement identitaire par et au travers de la douleur. A fortiori, la drépanocytose peut être culturellement et linguistiquement nommée comme étant la maladie de la douleur : cette nomination cristalliserait presque la douleur au sein de l’individu drépanocytaire désigné, devenant le symbole de la douleur aux yeux du collectif.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"69373082","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Numérique et médecine de la douleur","authors":"R. Dallel","doi":"10.3166/dea-2021-0176","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/dea-2021-0176","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"69373138","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le Groupe des infirmier(ière)s francophones douleur (GIFD) a analysé 102 interventions en soins infirmiers de la classification internationale (Nursing Intervention Classification), en tenant compte de la législation, de la discipline infirmière, des missions exigées par le SPF Santé publique et de l’expérience professionnelle des membres du groupe. Au terme de cette analyse, un consensus a été obtenu pour retenir 102 interventions. Parmi ces interventions, un tiers stipulent des activités réalisées par les infirmiers algologues, un tiers des activités réalisées partiellement et un tiers des activités réalisées en collaboration. Neuf interventions concernent des thérapies non médicamenteuses, nécessitant une formation complémentaire à la formation actuelle en algologie. Ce travail complète le profil de fonctions de l’infirmier algologue, publié en 2009.
{"title":"Les infirmiers algologues belges analysent la classification des interventions en soins infirmiers","authors":"N. Chard'homme, V. Marteau","doi":"10.3166/dea-2021-0177","DOIUrl":"https://doi.org/10.3166/dea-2021-0177","url":null,"abstract":"Le Groupe des infirmier(ière)s francophones douleur (GIFD) a analysé 102 interventions en soins infirmiers de la classification internationale (Nursing Intervention Classification), en tenant compte de la législation, de la discipline infirmière, des missions exigées par le SPF Santé publique et de l’expérience professionnelle des membres du groupe. Au terme de cette analyse, un consensus a été obtenu pour retenir 102 interventions. Parmi ces interventions, un tiers stipulent des activités réalisées par les infirmiers algologues, un tiers des activités réalisées partiellement et un tiers des activités réalisées en collaboration. Neuf interventions concernent des thérapies non médicamenteuses, nécessitant une formation complémentaire à la formation actuelle en algologie. Ce travail complète le profil de fonctions de l’infirmier algologue, publié en 2009.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"69373139","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}