Introduction
Les agriculteurs sont soumis à de multiples expositions chimiques dans leur travail, dont les plus connues sont celles aux pesticides. Si les informations autour des produits phytosanitaires ont nettement progressé, tout comme l’étiquetage et la formation, ce n’est pas le cas pour d’autres substances ou produits comme certains médicaments vétérinaires ou antiparasitaires. Ils ne sont pas soumis aux mêmes textes que les phytosanitaires et cela rend plus difficile l’accès à l’identification des expositions pour la médecine du travail. Autre conséquence, la réglementation n’impose pas de formation particulière pour les utilisateurs, or, du fait de l’organisation au sein des élevages de porcs en Bretagne, l’application ou l’administration de ces produits est déléguée aux salariés des exploitations. Nous avons cherché à établir une fiche d’aide au repérage (FAR) de ces expositions.
Méthode
Depuis 2017, avec l’arrivée des Plans santé et sécurité au travail 2016–20 puis 2021–25, les services de santé et sécurité au travail de la Mutualité sociale agricole récoltent des données d’exposition auprès des exploitations agricoles par l’intermédiaire du logiciel SEIRICH® de l’Institut national de recherche en sécurité (INRS). Nous avons analysé et récolté plus d’une douzaine d’inventaires d’élevages de porc. Les expositions aux produits non-soumis à étiquetage, notamment les médicaments vétérinaires, ont été étudiées à la lumière de la classification européenne des substances qu’ils contenaient, afin d’aligner l’évaluation du risque à celle des produits étiquetés, tels que les détergents et désinfectants utilisés. La fréquence d’exposition a été évaluée sur la base de la récurrence dans les inventaires, du mode d’utilisation (posologie) et de témoignages de professionnels de la filière pour la fréquence d’usage réelle.
Résultats
Déjà connues de nos services, les hormones ont été identifiées comme reprotoxiques. En revanche, des Cancérigène mutagène reprotoxique (CMR) suspectés ou avérés ont été mis en lumière, avec des usages parfois exposants et fréquents tels que de la pulvérisation d’antiparasitaires sur les animaux à l’intérieur des bâtiments. De même, les substances sensibilisantes pour les voies respiratoires sont nombreuses.
Conclusion
Ce travail a permis d’identifier des risques jusque-là inconnus de nos services car non-identifiés par les utilisateurs eux même, faute d’étiquetage explicite. Il va permettre la mise en place d’actions de prévention et interroge nos services sur la surveillance médicale associée à mettre en œuvre. Il doit aussi nous permettre d’interpeller les pouvoirs publics sur le déficit d’étiquetage et d’information ou de formation des salariés utilisateurs.