Pub Date : 2024-04-04DOI: 10.1016/j.etiqe.2024.03.002
L. Marcucci , C. Bouvet , J. Castelli , R. de Crevoisier
À partir d’une réflexion sur les enjeux éthiques d’une hospitalité incarnée dans le champ du soin, s’appuyant sur une méthode philosophique à l’écoute des préoccupations des professionnels de terrain, l’article interroge notre rapport sensible aux espaces, au carrefour de l’éthique et de l’esthétique, dans le contexte, peu étudié, de la radiothérapie et de ses spécificités. L’hospitalité suppose de la non-identité, de la non-appartenance, de la différence. Le risque est alors qu’une alliance thérapeutique de qualité ne puisse être nouée avec le patient auquel pourtant s’adressent les soins. Comment faire pour que le patient puisse se sentir comme chez lui tout au long des traitements ? En quoi le fait d’investir les espaces hyper-techniques d’une attention à autrui et d’une intention éthique peut-il contribuer à l’humanisation des parcours de soin et soutenir l’autonomie des patients ? Soignants et soignés sont enveloppés dans des espaces et des environnements très particuliers et vivent des expériences qui mettent à l’épreuve leur rapport au monde. Prendre au sérieux la corporéité, dans sa dimension à la fois active et passive, apparaît comme un préalable au développement de liens d’interdépendances féconds et au besoin de sens exprimé par les patients comme par les soignants. Si des écueils peuvent être identifiés, l’attention aux atmosphères, aux ambiances et au design peut cependant d’une part favoriser le bien-être des patients, leur (re-)donner du pouvoir pour agir, et d’autre part mobiliser l’inventivité dans les pratiques de soin, selon une exigence de justice et d’équité.
Based on a reflection on the ethical issues of genuine hospitality in the field of healthcare, and drawing on a philosophical method centered on the concerns of healthcare professionals, the article examines our sensitive relationship with spaces, at the crossroads of ethics and aesthetics, in the little-studied context of radiotherapy, which has its own specific features. Hospitality implies non-identity, non-membership and difference. The risk, then, is that a high-quality therapeutic alliance cannot be established with the patient, even though he or she is the beneficiary of the treatment. How can we ensure that patients feel “at home” throughout their treatment? How can investing hyper technical spaces with attention to others and an ethical intention help to humanise care pathways and support patients’ autonomy? Caregivers and patients are enveloped in very special spaces and environments in which they have experiences that put their relationship with the world to the test. Taking human corporeality seriously, in both its active and passive dimensions, appears to be a prerequisite for the development of fruitful interdependencies, in line with the need for meaning expressed by patients and carers alike. While some pitfalls can be identified, attention to atmosphere, ambiences and design can, on the one hand, promote patients’ well-
{"title":"« Questionner l’hospitalité des espaces de soin en radiothérapie au carrefour d’enjeux éthiques et esthétiques »","authors":"L. Marcucci , C. Bouvet , J. Castelli , R. de Crevoisier","doi":"10.1016/j.etiqe.2024.03.002","DOIUrl":"10.1016/j.etiqe.2024.03.002","url":null,"abstract":"<div><p>À partir d’une réflexion sur les enjeux éthiques d’une hospitalité incarnée dans le champ du soin, s’appuyant sur une méthode philosophique à l’écoute des préoccupations des professionnels de terrain, l’article interroge notre rapport sensible aux espaces, au carrefour de l’éthique et de l’esthétique, dans le contexte, peu étudié, de la radiothérapie et de ses spécificités. L’hospitalité suppose de la non-identité, de la non-appartenance, de la différence. Le risque est alors qu’une alliance thérapeutique de qualité ne puisse être nouée avec le patient auquel pourtant s’adressent les soins. Comment faire pour que le patient puisse se sentir <em>comme</em> chez lui tout au long des traitements ? En quoi le fait d’investir les espaces hyper-techniques d’une attention à autrui et d’une intention éthique peut-il contribuer à l’humanisation des parcours de soin et soutenir l’autonomie des patients ? Soignants et soignés sont enveloppés dans des espaces et des environnements très particuliers et vivent des expériences qui mettent à l’épreuve leur rapport au monde. Prendre au sérieux la corporéité, dans sa dimension à la fois active et passive, apparaît comme un préalable au développement de liens d’interdépendances féconds et au besoin de sens exprimé par les patients comme par les soignants. Si des écueils peuvent être identifiés, l’attention aux atmosphères, aux ambiances et au design peut cependant d’une part favoriser le bien-être des patients, leur (re-)donner du pouvoir pour agir, et d’autre part mobiliser l’inventivité dans les pratiques de soin, selon une exigence de justice et d’équité.</p></div><div><p>Based on a reflection on the ethical issues of genuine hospitality in the field of healthcare, and drawing on a philosophical method centered on the concerns of healthcare professionals, the article examines our sensitive relationship with spaces, at the crossroads of ethics and aesthetics, in the little-studied context of radiotherapy, which has its own specific features. Hospitality implies non-identity, non-membership and difference. The risk, then, is that a high-quality therapeutic alliance cannot be established with the patient, even though he or she is the beneficiary of the treatment. How can we ensure that patients feel “at home” throughout their treatment? How can investing hyper technical spaces with attention to others and an ethical intention help to humanise care pathways and support patients’ autonomy? Caregivers and patients are enveloped in very special spaces and environments in which they have experiences that put their relationship with the world to the test. Taking human corporeality seriously, in both its active and passive dimensions, appears to be a prerequisite for the development of fruitful interdependencies, in line with the need for meaning expressed by patients and carers alike. While some pitfalls can be identified, attention to atmosphere, ambiences and design can, on the one hand, promote patients’ well-","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 2","pages":"Pages 122-130"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-04-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140755942","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-03-01DOI: 10.1016/j.etiqe.2023.12.003
M. Braun, M. Paolucci
{"title":"Une « fonction club » en prison ?","authors":"M. Braun, M. Paolucci","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.12.003","DOIUrl":"https://doi.org/10.1016/j.etiqe.2023.12.003","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 1","pages":"Pages 53-61"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140296009","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-03-01DOI: 10.1016/j.etiqe.2023.12.008
La rédaction
{"title":"Colloque « D’hier à demain, à l’épreuve du risque en Santé »","authors":"La rédaction","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.12.008","DOIUrl":"https://doi.org/10.1016/j.etiqe.2023.12.008","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 1","pages":"Page 1"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140296603","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-03-01DOI: 10.1016/j.etiqe.2023.11.006
P. Spoljar
Les analyses factorielles du risque suicidaire présentes dans les études en santé au travail permettent d’orienter les grandes lignes des politiques publiques de prévention, mais elles restent très insuffisantes pour comprendre le phénomène du suicide. Elles peuvent également constituer un obstacle à une connaissance précise du risque suicidaire, notamment en réduisant systématiquement sa complexité par une répartition binaire entre facteurs de risques et facteurs de protection, et en produisant depuis des décennies des résultats contradictoires : les enquêtes sociologiques affirment le primat des déterminismes sociaux, les enquêtes psychiatriques constatent invariablement des causalités psychiatriques, les spécialistes du travail considèrent que tout vient de l’organisation et des conditions de travail, etc.
Ces enquêtes s’appuient sur des ensembles de facteurs de risque différents les uns des autres, tout en faisant valoir à chaque fois des validations empiriques en leur faveur. Pour rendre compte de ce paradoxe dans une perspective épistémologique, nous proposons d’être attentifs aux modalités de sélection et de définition des variables (nombre, registre, extension), à leur catégorisation, et rapidement également à l’« invisibilisation » d’autres indicateurs potentiels du risque suicidaire.
Factor analyses of suicidal risk in occupational health studies are still inadequate for understanding the phenomenon of suicide. The epistemological and sometimes ideological presuppositions that underlie them are in fact often an obstacle to a better understanding of this phenomenon, and therefore to better prevention, notably by systematically reducing its complexity through a binary division between "risk factors" and "protective factors", and by regularly producing contradictory, or more often than not insignificant, results. This article examines the following aspects in particular: the frequent selection procedures and multiple variations in the definition and semantic scope of variables, which enable us to shift their meaning and extension at will; the categorization and aggregation of data, which expresses the way in which each discipline wishes to "slice up reality" according to one internal paradigm or another, and even according to each author; ad hoc shifts in the position of the cursor in the causal tree, making it possible to point to one putative determinism or another as a risk factor, while ignoring others. The parameters that can be used at all levels of constructing suicidal risk factors essentially make it possible to confirm the presuppositions of the studies that produce them, and this is undoubtedly the best predictor of the determinism that will be deemed essential, between this or that type of risk and the suicidal act.
{"title":"Le risque suicidaire en lien avec le travail. Obstacles épistémologiques et institutionnels","authors":"P. Spoljar","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.11.006","DOIUrl":"10.1016/j.etiqe.2023.11.006","url":null,"abstract":"<div><p>Les analyses factorielles du risque suicidaire présentes dans les études en santé au travail permettent d’orienter les grandes lignes des politiques publiques de prévention, mais elles restent très insuffisantes pour comprendre le phénomène du suicide. Elles peuvent également constituer un obstacle à une connaissance précise du risque suicidaire, notamment en réduisant systématiquement sa complexité par une répartition binaire entre facteurs de risques et facteurs de protection, et en produisant depuis des décennies des résultats contradictoires : les enquêtes sociologiques affirment le primat des déterminismes sociaux, les enquêtes psychiatriques constatent invariablement des causalités psychiatriques, les spécialistes du travail considèrent que tout vient de l’organisation et des conditions de travail, etc.</p><p>Ces enquêtes s’appuient sur des ensembles de facteurs de risque différents les uns des autres, tout en faisant valoir à chaque fois des validations empiriques en leur faveur. Pour rendre compte de ce paradoxe dans une perspective épistémologique, nous proposons d’être attentifs aux modalités de sélection et de définition des variables (nombre, registre, extension), à leur catégorisation, et rapidement également à l’« <em>invisibilisation</em> » d’autres indicateurs potentiels du risque suicidaire.</p></div><div><p>Factor analyses of suicidal risk in occupational health studies are still inadequate for understanding the phenomenon of suicide. The epistemological and sometimes ideological presuppositions that underlie them are in fact often an obstacle to a better understanding of this phenomenon, and therefore to better prevention, notably by systematically reducing its complexity through a binary division between \"risk factors\" and \"protective factors\", and by regularly producing contradictory, or more often than not insignificant, results. This article examines the following aspects in particular: the frequent selection procedures and multiple variations in the definition and semantic scope of variables, which enable us to shift their meaning and extension at will; the categorization and aggregation of data, which expresses the way in which each discipline wishes to \"slice up reality\" according to one internal paradigm or another, and even according to each author; ad hoc shifts in the position of the cursor in the causal tree, making it possible to point to one putative determinism or another as a risk factor, while ignoring others. The parameters that can be used at all levels of constructing suicidal risk factors essentially make it possible to confirm the presuppositions of the studies that produce them, and this is undoubtedly the best predictor of the determinism that will be deemed essential, between this or that type of risk and the suicidal act.</p></div>","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 1","pages":"Pages 41-47"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139966217","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-03-01DOI: 10.1016/j.etiqe.2023.11.016
J. Ricard
{"title":"La transmission dans l’approche du risque, ce que nous enseigne l’histoire des épidémies","authors":"J. Ricard","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.11.016","DOIUrl":"https://doi.org/10.1016/j.etiqe.2023.11.016","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 1","pages":"Pages 33-36"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140296007","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-03-01DOI: 10.1016/j.etiqe.2023.11.014
G. Cotté
{"title":"Le rapport psyché-soma – une relation à risque. Comment s’articule le corps au langage","authors":"G. Cotté","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.11.014","DOIUrl":"https://doi.org/10.1016/j.etiqe.2023.11.014","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 1","pages":"Pages 68-72"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140296605","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Pub Date : 2024-03-01DOI: 10.1016/j.etiqe.2023.11.013
N. Robin
{"title":"Accepter de prendre le risque d’entendre la parole de l’usager plaignant","authors":"N. Robin","doi":"10.1016/j.etiqe.2023.11.013","DOIUrl":"https://doi.org/10.1016/j.etiqe.2023.11.013","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 1","pages":"Pages 73-74"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140296606","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}