Malgré un récent ralentissement, l’agriculture biologique (AB) connaît depuis 15 ans une croissance sans précédent qui est liée à la fois à un engouement des consommateurs, de plus en plus soucieux de l’impact de leurs choix alimentaires sur leur santé et sur leur environnement, à une volonté claire des filières de s’engager vers des modes d’agriculture plus durables et, enfin, à une politique publique très incitative visant à accélérer son développement. Dans cette dynamique, il faut anticiper les éventuels risques collatéraux et la sécurité chimique prétendue supérieure des produits AB est à ce titre une question clé. S’il est admis que l’AB réduit les teneurs en résidus de pesticides et d’antimicrobiens dans ses produits, son impact sur les polluants organiques persistants (POP) issus de l’environnement interroge, notamment dans les produits animaux. Cette étude compare les teneurs en 38 POP de viandes conventionnelles et AB françaises (n = 266). Tout en restant conformes aux limites réglementaires, les viandes AB sont significativement plus contaminées en POP et conduisent à des expositions alimentaires supérieures. Des explications zootechniques sont proposées et le risque pour la santé humaine est discuté. La réflexion est élargie à d’autres produits animaux et aux perspectives d’expansion de l’AB.
Despite a recent slowdown, organic agriculture (AB) is experiencing unprecedented growth. This is linked both to the interest of consumers, who are increasingly concerned about the impact of their food choices on their health and on their environment, to a clear desire of the sectors to commit to modes of more responsible and more sustainable agriculture and a very incentive public policy aimed at accelerating its development. In this dynamic, it is necessary to anticipate possible collateral risks and the supposedly superior chemical safety of AB products is in this respect a key issue. While it is accepted that organic farming reduces the levels of pesticide and antimicrobial residues in its products, its impact on environmental contaminants such as persistent organic pollutants (POPs) raises questions, particularly in animal products. This study compares the levels of 38 POPs in conventional and organic French meats (n = 266). It shows that while remaining compliant with regulatory limits, organic meats are significantly more contaminated with POPs and lead to higher dietary exposures. Zootechnical explanations are proposed and the risk to human health is discussed. Thinking is extended to other animal products and to the growth prospects of organic farming.